Un poème pour l'hiver
Voici un texte extrait de la revue Portique n°109. Son auteur a reçu le Prix Thérèse Mercier au concours de poésie et nouvelles de la Journée du Livre à Sablet.
N'oublie jamais
Lorsqu'un souffle glacial
Se glisse par toutes les fenêtres
Comme une lettre de cachet,
Quand les cris déchirés
Des vents de décembre
Broient le silence de ta cellule
En longs échos inquiétants,
Quand les ruisseaux de ta mémoire
Se figent par plaques
Dans l'enfer tenace
Des choses qu'on a tues,
N'oublie jamais que c'est en hiver
Que s'allongent les jours.
Lorsque le temps qui passe
N'a plus rien à t'offrir
Que l'ombre de l'aimée,
Quand le ciel sans cicatrice
De la prison de tes pensées
A tari la source des larmes,
Quand dans le corridor pâle du chagrin
Les promesses de baisers
Habillent ta solitude de silence,
Quand les plus beaux souvenirs
Sont ensevelis sous l'avalanche de l'absence,
N'oublie jamais que c'est en hiver
Que s'allongent les jours.
Qu'il y a un soleil
Pour chaque essence de rose,
Un parfum pour chaque corolle,
Un bleu pour chaque azur,
Un baume pour chaque blessure,
Une fleur de sourire promise
A chaque être qui souffre,
Une rosée pour chaque regard,
Une fraîcheur pour chaque ombre,
Une étoile dans chaque nuit,
De l'or jaillissant à chaque aurore,
N'oublie jamais que c'est en hiver
Que s'allongent les jours.
Et que nous puisons dans l'avenir
Notre lumière.
Jocelyn CARRE